Architectures pré-occupées
Venise, Italie
Chevalier Morales figurait parmi les firmes finalistes considérées pour la représentation officielle du Canada à la 18e exposition internationale d’architecture organisée par la Biennale de Venise. Selon Lesley Lokko, l’évènement intitulé « Laboratoire du futur » se présentait comme un atelier artisanal invitant à réfléchir au rôle de l’architecture dans la construction d’un monde optimiste, juste et équitable. La proposition de la firme se penchait sur la posture d’écoute qui incombe à l’architecte dans un contexte de travail habité par une multiplicité de considérations sociales et environnementales.
Plaçant le spectateur face à une « bibliothèque de voix », le concept de Chevalier Morales devait prendre forme simultanément au sein du pavillon canadien à Venise, de lieux physiques désignés à travers le Canada et de la plateforme numérique. L’œuvre d’art collaborative se dépliait en deux parties qui se répondaient, l’une faisant appel au sens de l’observation du spectateur et l’autre, à son écoute.
Un mince plancher de verre noir installé dans le pavillon symbolisait la fragilité du sol sur lequel l’architecte doit s’engager, illustrant la délicatesse dont ce dernier doit faire preuve pour refléter une constellation de voix préoccupées dans son travail. Quant à elle, la plateforme en ligne donnait accès à un flux conversationnel composé d’ateliers, de débats et de discussions tenus au sein des sites impliqués dans le projet, en temps réel ou en rediffusion.
Dix questions clés relevées par des universités canadiennes étaient exposées à l’extérieur du pavillon, correspondant aux enjeux actuels en matière de design architectural. Le côtoiement de celles-ci engendrait un bruit visuel invitant l’attention, alors qu’une pluralité de voix s’élevait en même temps dans l’espace pour immerger le spectateur dans le bruissement des responsabilités sociales, culturelles et environnementales qui sous-tendent au projet de bâtir.